Le monde dans un grain de café : des origines au XVIIème siècle

Cela semble tellement anodin que l’on oublierait presque que le café n’a pas toujours existé. Et pourtant oui, il a sa propre histoire. Une origine lointaine où les légendes se mêlent parfois à la réalité.

Cela semble tellement anodin que l’on oublierait presque que le café n’a pas toujours existé. Et pourtant oui, il a sa propre histoire. Une origine lointaine où les légendes se mêlent parfois à la réalité. Elle prend sa source dans les environs de Kaffa, région des hauts plateaux du sud-est de l’Abyssinie, l’Ethiopie d’aujourd’hui. C’est ici, aux alentours du XIVème siècle, que le caféier – petit arbre aux feuilles persistantes – a commencé à parcourir le monde.

Première étape : le voyage.

Il traverse la Mer Rouge pour rejoindre le Yémen. Les premières plantations y voient le jour. C’est dans cette “Arabie Heureuse” que le café passe de sauvage à domestique. D’abord boisson préférée des spirituels soufis, qui y voient une aide utile pour tenir pendant leurs longues nuits de prières, le café est ensuite acheminé par les pèlerins à La Mecque puis au Caire. Dès lors, il se répand dans toute la civilisation arabe et devient la boisson populaire.

Deuxième étape : la sédentarisation.

Son succès ne plaît pas à tout le monde et, en particulier, au pouvoir politique qui va chercher à le faire interdire. Car le café n’est plus seulement une boisson,  c’est également un lieu de vie. Le café qui se boit est aussi le café où l’on se retrouve, où ses consommateurs se réunissent, échangent et parfois aussi critiquent l’autorité en place. Ces kahvehâne sont très vite perçus comme des lieux alternatifs, dangereux pour le pouvoir. Ils fermeront par centaines. Mais d’autres ouvriront, toujours plus nombreux.


Crédits photos : just_me

Troisième étape : l’expansion et l’adaptation.

À partir du XVème siècle, le cahua suit les conquêtes de l’Empire Ottoman sur le Proche-Orient, l’Europe centrale et la péninsule des Balkans. Le café devient alors turc. C’est à ce moment que les voyageurs d’Europe de passage dans les pays du Levant vont rencontrer cette boisson qui connaît un engouement indescriptible.

Débute ainsi l’essor européen du café. Et c’est bien évidemment la grande rivale de Constantinople, la Sérénissime Venise, puissance marchande d’alors, qui deviendra très vite la porte d’entrée principale des cerises noires sur le continent. En quelques décennies à peine, le café est sur toutes les lèvres, dans tous les palais.

Quatrième étape : le florilège.

Boisson subversive qui déchaîne les passions, exacerbe les ardeurs, le “petit noir” fait débat entre ses fidèles et ses détracteurs. À la fois boisson et lieu de vie, c’est d’abord à Londres qu’explose la course au café. Dès 1700, on compte plus de 2000 cafés en Angleterre. Lieux privilégiés des philosophes libéraux, le café accompagne les grandes évolutions des sociétés occidentales. La France n’échappe pas à cette ruée vers l’or noir : le grand voyageur Jean de Thévenot introduit le breuvage à Paris, au café Procope et invente le filtre. Italie, Portugal et Espagne ne sont pas en reste non plus. Le monde a la fièvre noire. Car si le café stimule les esprits, il aiguise aussi les appétits financiers.

Au début du XVIIème siècle, les acteurs sont en place pour une grande partie d’échecs. Le but est simple : accroître la production de la première boisson mondialisée et devenir le leader. C’est le début de l’entrée en course des producteurs européens et des plantations dans les colonies.